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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 20:12

Comme dans le cas de la noyade par submersion-asphyxie, la noyade syncopale peut prendre diverses appellations, la fausse noyade, la submersion-inhibition et la plus connue le noyé blanc.

 NOYADE.png

Ce type de noyade est bien moins rencontré que le noyé bleu, tout particulièrement dans nos régions tempérées, comme le littoral atlantique, moins fréquenté par les baigneurs que les côtes méditerranéennes, nous verrons pourquoi un peu plus loin.

 

Nous pourrions définir le noyé blanc « comme un mort dans l'eau du fait de l'eau qui provoque chez le sujet un dérèglement brutal du système nerveux central entraînant un arrêt cardio-respiratoire quasi immédiat, sans inhalation d'eau. ».

 

Pour simplifier, l'individu tombe à l'eau, ne se débat pas, perd connaissance (syncope) et ne fait aucun mouvement respiratoire. Il n'existe pas de contact entre le liquide et les voies respiratoires puisque l'arrêt de la ventilation est concomitant à la pénétration dans l'eau. C'est une mort subite, brutale, sans agonie qui ne provoque donc pas sur la peau les marques bleutées caractéristiques de la détresse respiratoire (cyanose), d'où la dénomination de « noyé blanc ».


Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer la soudaineté de ce dérèglement de l'organisme avec dysfonctionnement du système nerveux central : Ce peut être une origine médicale (crise d'épilepsie, accident vasculaire cérébral, infarctus ...), un processus traumatique (accident, chute, choc rachidien à la suite d'un plongeon …), un motif allergique (piqûre de méduses, crise d'urticaire …), un choc émotif (panique, vive émotion occasionnant un arrêt cardiaque …), et enfin le plus connu à l'origine de la plus fréquente des noyades syncopales le choc thermo-différentiel ou choc thermique mais plus couramment appelé hydrocution.

 

Le facteur déterminant de ce phénomène est la forte amplitude qui peut exister entre la température cutanée et celle de l'eau. Ce choc thermique se produit classiquement lorsqu'une personne décide, pour se rafraîchir, d'entrer brutalement dans l'eau après s'être exposée longuement au soleil, ou à la suite d'un effort musculaire important, ou lors de la période de digestion après un repas copieux, ou bien sous l'emprise de l'alcool. La différence de température est telle qu'il se produit au contact de l'eau, ce qu'on appelle un réflexe de vasoconstriction. Tout le sang qui se trouvait abondamment dans le système sanguin périphérique, permettant du fait de la proximité de la peau de réguler la température du corps exposé à la chaleur (la thermorégulation), se retrouve refoulé brutalement du fait de la réduction du diamètre des vaisseaux sanguins (vasoconstriction). Ce phénomène peut être à l'origine de l'arrêt de la circulation sanguine. La conséquence est une syncope avec un arrêt cardiaque spontané dans une grande partie des cas. Ce phénomène est donc beaucoup moins fréquemment rencontré dans les régions tempérées, comme la Normandie où les températures sont rarement élevées, par rapport à celles du Sud de la France.


Comme nous venons de le voir, le vrai noyé blanc est une victime qui n'a eu aucun mouvement respiratoire dans l'eau. Cela ne signifie pas l'absence totale de liquide dans l'organisme, celui-ci pouvant inonder l'arbre trachéo-bronchique de manière passive, non agressive, par infiltration mais sa présence n'est pas significative.

 

La noyade syncopale est parfois appelée de manière erronée noyade secondaire, on entend par cela, les sujets qui pour les diverses raisons évoquées précédemment perdent connaissances dès le contact de l'eau mais dont les fonctions respiratoires continues à exister (exemple : traumatisme crânien avec perte de connaissance lors d'un plongeon dans l'eau). La victime est inconsciente, ne réagit pas au stimuli de l'eau mais respire normalement. L'inondation des voies aériennes est active et la victime s'asphyxie de la même manière que le noyé bleu.

 

 

Pour le médecin légiste, c'est l'association de toutes les preuves négatives du noyé bleu qui deviennent des éléments objectifs de la noyade syncopale ou de l'immersion d'un cadavre.  

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25 février 2012 6 25 /02 /février /2012 12:52

La submersion asphyxique prend, dans les études et selon les auteurs des appellations différentes. On évoque des submersions primitives, noyades asphyxiques, noyades primaires, noyades typiques, noyades vraies ou de noyé bleu.

Elle se produit classiquement chez le sujet ne sachant pas nager qui de ce fait, coule par insuffisance technique et qui se débat de longues minutes pour ne pas succomber. Le nageur confirmé se noie le plus souvent après épuisement ou lorsqu'il est victime de crampes. 

 Dans tous ces cas, la victime « boit la tasse », elle avale / inhale l'eau AVANT  la perte de connaissance et l'arrêt respiratoire.


L'inondation des voies aériennes a de lourdes conséquences sur un corps humain vivant. Depuis la fin du XIXème siècle et les recherches sur les chiens, de très nombreux chercheurs ont mis en évidence cinq temps ou phases lors du déroulé du mécanisme de la submersion asphyxique.

APPAREIL-RESPIRATOIRE.jpg

 1°) Phase de surprise ou de saisissement : Pendant cette phase très courte, quelques secondes, la victime s'agite, s'affole et commence à se débattre en faisant des mouvements pendulaires, elle fait « le bouchon ». Il peut se produire une pénétration peu importante de liquide dans les voies aériennes.

 2°) Phase de résistance à la respiration ou apnée consciente (Environ 1 minute) : La victime se débat de plus en plus, un sentiment de panique l'envahit. Elle coule et remonte à la surface à plusieurs reprises, elle s'accroche à tout ce qu'elle peut trouver, ses mouvements sont désordonnés. Elle n'arrive plus à laisser la tête hors de l'eau et à retenir sa respiration. Une inspiration profonde finit par se faire et le liquide inonde l'arbre trachéo-bronchique. Un phénomène tussif s'ensuit entrecoupé de nouvelles inspirations d'eau. A ce stade, l'absorption d'eau peut provoquer une apnée réflexe, l'épiglotte* se ferme pour protéger les voies respiratoires et les poumons d'une inondation massive, empêchant la respiration même lorsque la tête est hors de l'eau.

ARBRE TRACHEO BRONCHIQUE

 3°) Phase d'inspirations profondes ou inhalation involontaire (Environ 3 minutes) : Le manque d'oxygénation des tissus et organes internes appelé en terme médical hypoxie dû à l'apnée réflexe déclenche l'envie de respirer sous la forme de réflexes thoraciques incontrôlables et entraîne de nouveau l'ouverture de la glotte puis la reprise de la ventilation. De grandes respirations profondes et rapides provoquent une inondation brutale et massive de l'arbre trachéo-bronchique et des poumons accompagnée de phénomènes convulsifs, de régurgitation, de vomissements et rejet d'une spume** blanchâtre qui a pour conséquence une diminution de l'apport d'oxygène à l'organisme. Cette déficience provoque une coloration bleutée de la peau au niveau de la face et des extrémités appelée cyanose, d'où la dénomination de « noyé bleu ». La victime, qui n'a plus la force de se débattre, est en proie à une détresse respiratoire grave avec perte de connaissance.

4°) État de mort apparente : La victime est maintenant en arrêt respiratoire mais le cœur bat encore. La présence massive d'eau dans les poumons empêche totalement l'oxygénation du sang, elle s'asphyxie. Les alvéoles pulmonaires éclatent tandis que se forme un œdème pulmonaire aigu qui est souvent fatal à la victime. A ce stade, il est encore théoriquement possible de la réanimer mais le décès va intervenir très rapidement.

ALVEOLES-PULMONAIRES.jpg

5°)Décès : Après une brève agonie, un arrêt cardiaque se produit, provoquant le décès de la victime.


La noyade vraie est donc avant tout une asphyxie secondaire à la submersion dans un liquide et à son inhalation par les voies respiratoires.

Pour résumer, l'irruption de l'eau à plusieurs actions :

■ Pénétration du liquide dans les voies aériennes avec remplissage de l'arbre trachéo-bronchique, interdisant le passage de l'air ;

■ Spasme réflexe de l'épiglotte protégeant momentanément les voies respiratoires de l'agression de l'eau mais empêchant également la respiration ;

■ La reprise de la respiration entraîne alors un afflux brutal et important de liquide qui produit un traumatisme des poumons et plus précisément des alvéoles pulmonaires qui ont comme fonction primordiale de permettre les échanges gazeux entre l'air et le sang. La conséquence est une diminution importante et durable de l'apport d'oxygène aux tissus et organes ;

■ L'influence du liquide dans l'organisme et l'arrêt des échanges gazeux vont entraîner tout une série de phénomènes dont le plus grave est un œdème pulmonaire ;

■ Un arrêt respiratoire va rapidement intervenir avec une perte de connaissance. La privation continue d'oxygène va entraîner des lésions au cerveau puis s'ensuit un arrêt cardiaque.

 

 

Tous ces phénomènes vont évoluer pendant la phase dite agonique entre la pénétration de l'eau dans le corps et le décès. Cela peut avoir son importance lors du diagnostic médico-légal, car cette agonie peut-être plus ou moins longue d'un individu à l'autre. Plus elle sera longue, plus l'organisme aura manqué d'oxygène et plus l'aspect bleuté de la peau de la victime sera marqué, caractéristique du noyé bleu. Plus elle est courte, moins cette coloration est visible et le noyé peut donc être confondu avec un noyé dit « blanc ». Cette notion de noyé bleu ou cyanosé est un élément à prendre évidemment en considération, mais il convient néanmoins de rester prudent. Ce phénomène sera développé plus précisément dans la seconde partie du mémoire consacrée au diagnostic médico-légal de la noyade.

 

Dans le même ordre d'idée, il peut arriver dans un petit nombre de cas, que l'apnée réflexe qui intervient au tout début de la noyade persiste plus ou moins longtemps et que la glotte reste même fermée jusqu'à l'arrêt cardiaque. La victime décède d'une asphyxie mais sans eau dans les poumons. Ce phénomène est appelé « noyade sèche » ou « noyade à poumons secs » pouvant ainsi fausser le diagnostic de la noyade. 

 

* Élément cartilagineux plat et mobile, situé derrière la racine de la langue et relié au larynx qui permet d'obstruer l'entrée de la tachée par la fermeture de la glotte au moment de la déglutition.

**Liquide ressemblant à l'écume avec de grosses bulles et constitué d'un mélange d'eau et d'air, qui s'effectue lors des mouvements respiratoires dans le liquide et qui s'extériorise par le nez et la bouche.

 

Mots clés : Noyé bleu ; submersion asphyxique

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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 18:16

Je vais consacrer mes deux prochains articles à vous décrire les différentes causes de noyade : La submersion asphyxique ou noyade vrai et l'hydrocution ou noyade syncopale.

 

Mais avant cela, il convient tout d'abord de définir la noyade, c'est le thème de cet avant propos.

 

 Les ouvrages de médecine légale consacrent autant de définitions à la noyade que d'auteurs. Nous pouvons citer pour les plus connus :

  • Cecaldi : « La pénétration d'un liquide dans les voies respiratoires, en lieu et place de l'air habituel – il en résulte une asphyxie complexe, à la fois atmosphérique et mécanique » ;

  • Gordon : « La noyade peut être définie comme une mort résultant de phénomènes biochimiques liés à la pénétration de liquide provenant du nez et de la bouche inondant l'arbre respiratoire* et provoquant une asphyxie par défaut d'oxygénation du sang et des poumons » ;

  • Dérobert : «Résultant le plus souvent de l'inondation des voies respiratoires ; elle peut être due, aussi, à une simple syncope ».

     

EAU-MER.jpg

Pour résumer, le phénomène de base de la noyade est l'interruption de la respiration du fait d'un liquide et pour cela deux éléments sont nécessaires, la pénétration de ce liquide dans les voies aériennes jusqu'aux alvéoles pulmonaires en lieu et place de l'air habituel et d'autre part la conséquence de cette inondation, l'asphyxie.

 

N'importe quelle substance liquide peut-être à l'origine de la noyade. L'eau étant généralement la plus courante (mer, rivière, lac, étang, baignoire, piscine ….), des cas de noyade dans des substances liquides industrielles, biologiques, alimentaires ou viticoles se rencontrent parfois. La quantité d'eau dans laquelle on se noie n'a pas particulièrement d'importance : il est possible pour un enfant ou une personne sous l'emprise de l'alcool de se noyer dans quelques centimètres d'eau. Dans ces circonstances, la victime peut, soit avaler l'eau, entre 2 à 5 litres, soit l'inhaler, c'est à dire absorber le liquide par inspiration, la quantité étant bien moindre mais les conséquences dramatiques. Le fait d'avaler l'eau ne tue pas, c’est bien l’inhalation qui est à l’origine du décès.

 

Les définitions que nous venons d'aborder concernent la submersion-asphyxique, celle que l'on peut appeler la vraie noyade à l'origine du noyé bleu, celle qui donne la mort suite à une immersion dans le milieu aquatique. C'est ce phénomène qui nous intéresse plus particulièrement dans le cadre de cette étude et qui sera abordé plus en détail dans la seconde grande partie consacrée au diagnostic médico-légal de la noyade. Néanmoins, il est important de ne pas négliger totalement un second type de noyade qui est certes moins fréquent, la noyade syncopale du noyé blanc qui est aussi appelée plus couramment l'hydrocution et qui est provoquée par un arrêt respiratoire concomitant au contact de l'eau. Dans ce cas, l'eau ne pénètre pas toujours les voies respiratoires.


* L'arbre respiratoire. Le poumon ressemble à un arbre. Le tronc (la trachée) se divise en branches, qu'on appelle les bronches. Les branches les plus fines correspondent aux bronchioles, sur lesquelles sont attachées les alvéoles comme des feuilles et c'est là qu'à lieu l'échange en l'air et le sang.   

 

Mots clés : Noyade ; Submersion asphyxique ; Noyade syncopale

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Présentation

  • : NOYADE - CRIMINALISTIQUE & PREVENTION
  • : Dans le cadre d'un Master en criminalistique, j'ai rédigé un mémoire sur le thème de la noyade et de son diagnostic médico-légal. Ce petit blog sans prétention et une manière pour moi de vous faire partager mon travail dans ce domaine, afin qu'il puisse continuer à vivre et exister à l'issue de la soutenance.
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