Comme dans le cas de la noyade par submersion-asphyxie, la noyade syncopale peut prendre diverses appellations, la fausse noyade, la submersion-inhibition et la plus connue le noyé blanc.
Ce type de noyade est bien moins rencontré que le noyé bleu, tout particulièrement dans nos régions tempérées, comme le littoral atlantique, moins fréquenté par les baigneurs que les côtes méditerranéennes, nous verrons pourquoi un peu plus loin.
Nous pourrions définir le noyé blanc « comme un mort dans l'eau du fait de l'eau qui provoque chez le sujet un dérèglement brutal du système nerveux central entraînant un arrêt cardio-respiratoire quasi immédiat, sans inhalation d'eau. ».
Pour simplifier, l'individu tombe à l'eau, ne se débat pas, perd connaissance (syncope) et ne fait aucun mouvement respiratoire. Il n'existe pas de contact entre le liquide et les voies respiratoires puisque l'arrêt de la ventilation est concomitant à la pénétration dans l'eau. C'est une mort subite, brutale, sans agonie qui ne provoque donc pas sur la peau les marques bleutées caractéristiques de la détresse respiratoire (cyanose), d'où la dénomination de « noyé blanc ».
Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer la soudaineté de ce dérèglement de l'organisme avec dysfonctionnement du système nerveux central : Ce peut être une origine médicale (crise d'épilepsie, accident vasculaire cérébral, infarctus ...), un processus traumatique (accident, chute, choc rachidien à la suite d'un plongeon …), un motif allergique (piqûre de méduses, crise d'urticaire …), un choc émotif (panique, vive émotion occasionnant un arrêt cardiaque …), et enfin le plus connu à l'origine de la plus fréquente des noyades syncopales le choc thermo-différentiel ou choc thermique mais plus couramment appelé hydrocution.
Le facteur déterminant de ce phénomène est la forte amplitude qui peut exister entre la température cutanée et celle de l'eau. Ce choc thermique se produit classiquement lorsqu'une personne décide, pour se rafraîchir, d'entrer brutalement dans l'eau après s'être exposée longuement au soleil, ou à la suite d'un effort musculaire important, ou lors de la période de digestion après un repas copieux, ou bien sous l'emprise de l'alcool. La différence de température est telle qu'il se produit au contact de l'eau, ce qu'on appelle un réflexe de vasoconstriction. Tout le sang qui se trouvait abondamment dans le système sanguin périphérique, permettant du fait de la proximité de la peau de réguler la température du corps exposé à la chaleur (la thermorégulation), se retrouve refoulé brutalement du fait de la réduction du diamètre des vaisseaux sanguins (vasoconstriction). Ce phénomène peut être à l'origine de l'arrêt de la circulation sanguine. La conséquence est une syncope avec un arrêt cardiaque spontané dans une grande partie des cas. Ce phénomène est donc beaucoup moins fréquemment rencontré dans les régions tempérées, comme la Normandie où les températures sont rarement élevées, par rapport à celles du Sud de la France.
Comme nous venons de le voir, le vrai noyé blanc est une victime qui n'a eu aucun mouvement respiratoire dans l'eau. Cela ne signifie pas l'absence totale de liquide dans l'organisme, celui-ci pouvant inonder l'arbre trachéo-bronchique de manière passive, non agressive, par infiltration mais sa présence n'est pas significative.
La noyade syncopale est parfois appelée de manière erronée noyade secondaire, on entend par cela, les sujets qui pour les diverses raisons évoquées précédemment perdent connaissances dès le contact de l'eau mais dont les fonctions respiratoires continues à exister (exemple : traumatisme crânien avec perte de connaissance lors d'un plongeon dans l'eau). La victime est inconsciente, ne réagit pas au stimuli de l'eau mais respire normalement. L'inondation des voies aériennes est active et la victime s'asphyxie de la même manière que le noyé bleu.
Pour le médecin légiste, c'est l'association de toutes les preuves négatives du noyé bleu qui deviennent des éléments objectifs de la noyade syncopale ou de l'immersion d'un cadavre.