Définition: Les lividités cadavériques (ou livor mortis ou hypostase) constituent le deuxième signe indiquant le décès. Il s'agit d'une coloration « lie de vin » ou rouge pourpre de la peau liée à un déplacement passif de la masse sanguine vers les parties déclives du cadavre, à l'exception des points d'appui. Ce phénomène débute dès l'arrêt de la circulation sanguine (arrêt du coeur).
Explication du phénomène :
- Après la mort, le sang ne circule plus. L'arrêt de la pompe cardiaque entraîne la stagnation du sang dans les vaisseaux.
- Sous l'action de la gravité, les globules rouges et le plasma vont rejoindre les parties les plus basses du corps, en remplissant en particulier les veines et les capillaires.
- Des ouvertures se forment dans la paroi des vaisseaux qui ne sont plus étanches et laissent filtrer les globules rouges qui finissent par envahir les tissus.
- Le sang en s'accumulant, devient visible par translucidité de la peau et donne une coloration « lie de vin » à l'épiderme au niveau des zones déclives du corps en épargnant les points d'appui.
- Les lividités sont visibles jusqu'à l'installation de la putréfaction.
Utilisation pratique du phénomène :
► Les lividités se répartissent de manière caractéristique sur le cadavre :
- Leur topographie dépend de la position du cadavre et doit être cohérente avec celle-ci.
- Elles épargnent les points d'appui(tous les points qui supportent le poids du corps) et les zones supportant un lien ou un vêtement serré (soutien-gorge, collier ... ). Ces zones d'appui et de contact ne se colorent pas et restent pâles, car les veines et les capillaires à ce niveau restent collabés sous l'action de la pression.
Exemple: Pour un cadavre un décubitusdorsal, les lividités vont siéger au niveau du cou, des flancs et de la face postérieure des cuisses. En revanche, elles seront absentes (plages blanchâtres cernées de lividités) au niveau de la région occipitale, des épaules, des fesses, des mollets et des talons.
► La coloration des lividités :
- Les lividités correspondent à une accumulation de globules rouges, leur coloration dépend étroitement du contenu en hémoglobine oxygénée. Dans la plupart des cas, elles sont de teinte rose foncé.
- Avec le temps, les lividités sont de plus en plus présentes et de plus en plus marquées.
- La coloration est foncée, lorsque le contenu en hémoglobine oxygénée est faible (hypothermie, réfrigération ou environnement froid).
- Intoxication au monoxyde de carbone = Rouge vif (rouge carmin) ;
- Asphyxie mécanique ou décès secondaire provoqué par une pathologie cardiaque ou pulmonaire = Rouge sombre (L'asphyxie est précédée d'une détresse respiratoire. La victime manquant d'oxygène, reçoit du sang veineux non oxygéné, c'est à dire du sang « noir », ce qui explique la couleur singulière des lividités) ;
- Intoxication au chlorate de potassium = Chocolat ;
- Hémorragie = Lividités très pâles ;
- Submersion = Rose clair ;
- Intoxication par des produits méthémoglobisants = Bleu ardoisé.
- Les lividités sont peu visibles chez les personnes de couleur, les personnes exsangues, les personnes âgées et les personnes anémiées ;
- Les lividités sont accentuées chez les personnes décédées après une longue agonie.
► La mobilité des lividités :
- Les lividités sont dans un premier temps effaçable à la pression. Un appui appliqué sur une zone de lividité chasse le sang des vaisseaux et la peau prend une teinte plus pâle. On dit que les lividités sont « non fixées » ;
- Dans un deuxième temps, et suite à la perte d'étanchéité des parois vasculaires, le sang imbibe le tissu interstitiel et l'appui appliqué sur une zone de lividité ne peut plus déplacer le sang. On dit que les lividités « son fixes ».
- La fixité des lividités dépend de la température, mais sans relation linéaire ;
- La fixité dépend également de la saison avec une perte de la mobilité pendant l'été.
► Migration des lividités :
- Jusqu'à la fixation, les lividités sont mobiles.
- Si une personne manipule le cadavre alors que les lividités sont « non fixées », de nouvelles lividités s'ajoutent aux premières. Il y a alors apparition de lividités mixtes (ou paradoxale).
- Si ces zones mixtes de lividités sont incompatibles avec la topographie du corps et de la gravité, il y a eu mobilité du cadavre post-mortem.
Chronologie Post-Mortem :
◘ Les lividités débutent en moyenne entre 2 et 4 heures après la mort ;
◘ Les lividités sont complètes (ineffaçables) en moyenne entre 6 et 15 heures après la mort ;
◘ Les lividités sont immuables entre 12 et 24 heures ;
◘ Disparition des lividités à la vitropression en moyenne avant 12 heures ;
◘ Disparition complète des lividités après retournement du cadavre en moyenne entre 4 et 6 heures ;
◘ Disparition incomplète des lividités (zones mixtes) après retournement du cadavre en moyenne entre 6 et 15 heures ;
◘ Immuabilité des lividités après retournement du cadavre entre 12 et 30 heures .
Cas concret :
▲ Un cadavre qui ne présente pas de lividités = mort récente, moins de 3 heures ;
▲ Un cadavre qui présente des lividités mixtes, tant sur la face postérieure et antérieure alors que la personne est décédée en décubitus = manipulation du cadavre entre l'installation des lividités et la 12ème heure environ ;
▲ Un cadavre découvert face contre terre et qui présente uniquement des lividités sur la face postérieure = victime décédée sur le dos et manipulé après immuabilité des lividités, au-delà de la 12ème heures environ ou personne décédée sur le ventre et dont le corps a été retourné dans les premières heures suivant le décès (- de 6 heures), puis à nouveau placée sur le ventre à l'issue de l'immuabilité des lividités (+ de 12 heures).
Les lividités constituent le deuxième signe indiquant le décès. C'est également le plus visible. Comme dans le cas de la rigidité, la chronologie des lividités cadavériques est soumise à des très importantes variations interindividuelles, pour cette raison ce marqueur ne doit pas non plus être utilisé isolément pour tenter de déterminer le délai post-mortem. Elles peuvent être un moyen de savoir si un corps a été déplacé post-mortem ou une orientation vers certaines intoxications telles que le monoxyde de carbone (lividités très rosées) |